Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/141

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respectifs de création paraît impossible. Elle est au moins tellement difficile, avec les études complexes qu’elle requiert, que, malgré la grande intelligence d’Agassiz, il n’a pu la tracer d’une main assez sûre pour défier la critique la moins sévère.

Certainement, tout ce qui pourra être écrit ou dit sur la constitution et la nature de l’espèce n’aura jamais qu’un caractère conjectural et hypothétique. Nous ignorerons peut-être éternellement le vrai fond des choses, interiora rerum. S’il est beau de voir l’intelligence humaine s’élever aux plus grandes conceptions, projeter de brillants éclairs sur la sombre histoire des époques écoulées, en essayant de soulever le voile qui couvre les secrets de la nature, tel il cachait l’Isis antique, il n’est pas moins raisonnable de reconnaître la fréquente impuissance de ces nobles efforts. Parvenu sur les grandes hauteurs de la science, on se sent environné d’une atmosphère de doute et de découragement qui anéantirait l’esprit humain, s’il pouvait jamais s’anéantir. Mais l’homme du XIXe siècle, a dit admirablement M. Taine, est un cerveau ambitieux. Plus il sait, plus il veut savoir. Il faut bien espérer que cette soif ardente de science, de lumière et de vérité, aboutira à des résultats grandioses. D’ici là, on est obligé d’être circonspect et d’attendre !

Citons pourtant les paroles suivantes de Guillaume de Humboldt. Encore que ce soit à un autre point de vue, le savant philologue arrive à la même conclusion que nous sur l’unité de l’espèce humaine. « Nous ne connaissons ni historiquement, ni par aucune tradition certaine, un moment ou l’espèce humaine n’ait pas été séparée en groupes de peuples. Si cet état de choses a existé dès l’origine ou s’il s’est produit plus tard, c’est ce qu’on ne saurait décider par l’histoire. Des légendes isolées se retrouvant sur des points très-divers du globe, sans communi-