Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/176

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encore moins mesurées par un seul et unique caractère anatomique, morphologique ou fonctionnel. Ce n’est qu’en tenant compte de tous ces caractères suivant les principes de la méthode naturelle, qu’on peut espérer d’arriver à une classification vraiment scientifique[1]. »

Nous enregistrons cet aveu suprême. Nous notons bien dans la gravité de cette belle phraséologie la nuance sombre de ce découragement profond que ceux-là seuls connaissent qui se sont passionnes pour une idée scientifique et qui, après des recherches laborieuses, longues, consciencieuses, arrivent enfin à voir leur conception hautement démentie par la nature des choses. Cette dizaine de lignes que nous venons de lire semblent rendre inutiles tous les arguments que je me suis efforcé d’aligner pour réfuter le célèbre champion du polygénisme. Sans le besoin de l’histoire, sans la nécessité qu’il y a surtout à ce que ces pages restent, puisque les idées qu’elles combattent sont fixées en d’autres pages peut-être moins véridiques mais plus belles ; je pourrais vraiment alléger mon ouvrage de toute la lourde discussion qui en est sortie. Mais, pour revenir à une observation que j’ai déjà faite, en vertu de quelle logique Broca ou ses disciples et continuateurs ont-ils pu trouver dans la réunion de caractères qu’ils reconnaissent aussi trompeurs les uns que les autres, une manifestation quelconque de la vérité scientifique ? Comment parviendra-t-on jamais à une classification vraiment scientifique, « en suivant les principes de la méthode naturelle », quand les mesures anthropologiques, que l’on reconnaît comme les seules bases rationnelles, sont non- seulement trompeuses, irrégulières, mais le plus souvent contradictoires ? Il faudrait, après avoir cherché des moyennes pour chaque caractère ethnologique, prendre

  1. Broca, loco citato, p. 634.