guistes virent dans leurs études une importance philosophique de premier ordre. Le fait parut d’autant plus intéressant que la majeure partie de la race blanche parle des langues infléchies ; une grande partie de la race jaune parle des langues isolantes et presque tous les noirs Africains parlent des langues agglomérantes. On lutta de travail et de persévérance pour découvrir les corrélations qui peuvent exister entre les organes de la voix et le cerveau, d’une part, entre la pensée et la parole, de l’autre. Ce fut une vraie émulation dans toute l’Europe. Comme il fallait s’y attendre, plusieurs écoles furent érigées. Il en sortit tant de discussions passionnées, tant de brillantes mais stériles contradictions que, de guerre lasse, on désarma de toutes parts, laissant à la science le calme et le recueillement qui sont pour elle les meilleures garanties de progrès, après les périodes d’ardente polémique. Les choses sont bien changées maintenant. Aussi bien, on peut aborder froidement ces questions, sans réveiller les passions qui agitaient si fort tous les savants de la première moitié de ce siècle. Revenons-y donc quelques instants.
La première controverse historique qu’il faut mentionner est celle qui se manifesta à propos de l’origine du langage. Dès l’antiquité hellénique, l’étude du langage avait commencé à préoccuper les esprits. Les deux plus grands maîtres de la philosophie grecque, Aristote et Platon en ont laissé la preuve, l’un dans un traite spécial (de l’Interprétation ou du Langage), l’autre dans son Cratyle. L’école épicurienne, dont toutes les idées sont condensées dans le magnifique poëme de Lucrèce, s’en était aussi occupé. En fit-on un bien grand cas ? Était-ce là une question de vif intérêt en dehors du cercle philosophique ou l’on s’en occupait légèrement ? Il est certain que non. Avant le christianisme et les dogmes théolo-