Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/223

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Éthiopiens, vainqueurs ou vaincus dans les guerres fréquentes qu’ils se faisaient, en évoluant sur tout le long parcours du Nil ? Les Grecs considéraient les Perses comme des barbares ; mais ils ne traitaient pas moins dédaigneusement les Macédoniens. Les Romains, quand ils luttaient contre les peuples étrangers, ne faisaient pas de distinction entre les Numides bronzés et les Gaulois aux cheveux blonds.

La division des peuples en races distinctes, classées d’après les principes des sciences naturelles, n’a commencé à prendre place comme notion positive, dans l’esprit humain, qu’avec la naissance de la science ethnographique. Celle-ci, tout en paraissant çà et là, comme autant de lueurs indicatives, dans les œuvres historiques d’une importance sérieuse, ne s’est définitivement constituée qu’avec les travaux systématiques des naturalistes de la fin du XVIIIe siècle, ainsi qu’il en a été fait mention. N’est-il donc pas absolument inexact d’avancer que l’idée de l’inégalité originelle entre les races a été une des opinions les plus anciennement répandues, surtout quand on parle des races humaines dans le sens que la science moderne attache à ces termes ?

La doctrine anti-philosophique et pseudo-scientifique de l’inégalité des races ne repose que sur l’idée de l’exploitation de l’homme par l’homme. L’école américaine a été seule conséquente avec elle-même, en soutenant cette doctrine ; car ses adeptes ne cachaient pas l’intérêt capital qu’ils avaient à la préconiser. Aussi doit-on leur rendre cet hommage : autant les savants européens ont été timides, émettant leurs opinions avec des chétifs sous-entendus, autant ils ont été radicaux et logiques, même dans leurs erreurs. L’Européen tout en admettant la pluralité des espèces et leur inégalité comparative, protestera contre l’esclavage en des tirades magnifiques. Ce n’est pour lui