Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/232

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des races a été soutenue d’une façon ostensible et positive. Le premier, encore qu’il fût un savant considérable, à la fois philologue, naturaliste et médecin, avait traité le sujet plutôt en philosophe qu’en anthropologiste. Quant au second, le plus radical, c’était un érudit, mais il manquait essentiellement de l’éducation scientifique exigée pour une telle œuvre. Il l’a conçue et écrite sans qu’il paraisse avoir eu le moindre soupçon ni des méthodes anthropologiques, ni des sciences accessoires qui y aboutissent. Il faut dire que lors de l’apparition de son ouvrage, l’anthropologie qui devait prendre un tel essor en France et à l’étranger, avec le zèle et le prosélytisme ardent de Broca, était encore fort négligée. Le traité sur l’Inégalité des races humaines parut en 1853 et ce n’est qu’en 1859 que fut fondée la « Société d’anthropologie de Paris » qui donna un nouveau branle à la science. Cependant les anthropologistes auraient-ils trouvé dans les conceptions fantaisistes et les paradoxes équivoques de M. de Gobineau une source de lumière tellement vive qu’ils en aient accepté les conclusions comme des paroles d’évangile ? Sans le dire jamais, ils en donnent chaque jour la preuve.

Seulement, afin de revêtir cette doctrine d’un caractère scientifique, ils ont imaginé des expériences qui, basées tantôt sur l’anatomie, tantôt sur la physiologie, exécutées d’après leurs procédés, confirment à leur avis l’infériorité des noirs et des jaunes comparés aux blancs, suivant une échelle hiérarchique qui descend du Caucasien à l’Éthiopien dont les congénères occupent le plus bas degré. Tout cela n’est que confusément exprimé, çà et là, sans éclaircissement. Il est impossible de trouver dans un traité d’anthropologie un chapitre où l’ordre hiérarchique des races humaines soit explicitement reconnu ; mais chaque ligne en implique l’idée. Je l’ai dit plus haut, on en parle comme d’un fait qui n’a besoin d’au-