Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/280

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s’est toujours trouvée dans la catégorie des individus dont la taille est au-dessus de la moyenne.

Il est vrai que, dans un intéressant Mémoire[1], M. Topinard, dont la compétence est reconnue parmi tous ceux qui s’occupent d’anthropologie pratique, a formulé en ses conclusions l’opinion suivante : « Les sujets grands ont d’une façon absolue plus de cerveau, en général, que les sujets petits, chez l’homme comme chez la femme. Mais en ayant égard à la taille, la proportion change. Les sujets de haute taille ont relativement moins de cerveau et ceux de petite taille relativement plus de cerveau[1]. » Cependant, on ne saurait logiquement induire de ces paroles que le sujet de haute taille a moins de vigueur cérébrale que celui de petite taille. Ce serait donner à l’idée du savant professeur une interprétation forcée et un sens qu’elle n’a pas. Le cerveau n’est pas au corps comme la machine locomotive est au train du chemin de fer, de telle sorte qu’il faille toujours tenir compte de la force de traction suivant le poids à véhiculer.

Je ne reviendrai point sur les discussions par lesquelles il est déjà prouvé que le volume ou la quantité du cerveau, considéré absolument ou relativement, ne donne aucune base pour aider à juger de son énergie fonctionnelle. En supposant même que l’on doive voir dans la dimension ou le poids de l’organe encéphalique le signe évident de son aptitude intellectuelle, cette aptitude étant relative à une quantité spéciale, on ne comprendrait pas que la valeur en fût diminuée par sa seule coïncidence avec une grande taille.

Ce sont de pareilles théories, dénuées de tout fondement scientifique, qui font perpétuer les distinctions absurdes de races supérieures et de races inférieures, sans qu’on puisse

  1. a et b Topinard, Le poids de l’encéphale d’après Paul Broca in Mémoires de la Société d’anthrop. de Paris, 2e série, t. III, p. 31.