Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/311

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mière lumière qui éveille toutes les facultés du cerveau est bien ce qu’il faut à toute créature humaine pour remplir sa destinée ; mais il y a bien peu de temps depuis que la femme haïtienne a commencé d’en jouir.

Un autre genre d’excitation mentale qui manque essentiellement à la femme des pays encore nouveaux dans la civilisation, c’est le milieu artistique où le beau sexe trouve tant de secours pour le développement harmonique de son être. Quand je me promène dans les vastes salons du Louvre ou du musée du Luxembourg, contemplant avec bonheur toutes les richesses de la peinture et de la sculpture répandues ça et là, avec une profusion énorme de formes et de couleurs harmonieuses, je ne puis m’empêcher de croire qu’on sort de ces sanctuaires de l’art beaucoup plus beau qu’on n’y était entré. Tous les sentiments élevés que font naître ces chefs-d’œuvre, dans une heure de contemplation où l’on est subitement ravi dans un monde idéal, ne peuvent en effet s’effacer complètement, sans laisser sur le front et sur toute la physionomie leur empreinte rayonnante. L’homme en jouit autant que la femme ; mais c’est elle surtout qui, par sa nature d’une sensibilité exquise, par son organisation plastique et merveilleusement assimilatrice, est pénétrée par tous les pores de ce suave parfum d’idéal qui s’échappe mystérieusement de toutes les choses réellement belles. C’est elle qui, par son tempérament nerveux, en buvant de ses yeux chaque rayon de lumière, chaque contour du dessin, subit cette exultation ineffable, capable de transformer tout ce qu’il y a de plus intime dans notre organisme. Elle a, de plus, un don de spontanéité qui l’exempte de toutes ces longues et minutieuses recherches de perspective et de proportion, sans lesquelles l’esprit critique de l’homme est incapable d’une véritable jouissance. Aussi, tout en savourant le charme que procurent à