Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/317

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reuse politique. C’est le général Soulouque. Tous ceux qui ne sont pas aussi prévenus et aussi ridiculement passionnés qu’un Gustave d’Alaux, conviendront bien vite que la physionomie de ce monarque improvisé ne le cédait en rien à celle de la plupart des têtes couronnées que l’on a vues et qu’on peut encore voir en Europe ou ailleurs.

Ne semble-t-il pas démontré maintenant que la beauté comme l’intelligence se rencontrent dans toutes les races humaines ? Ne voit-on pas que là comme ailleurs il n’existe que des gradations dont l’existence s’explique non par une hiérarchie native et organique, mais par l’action évolutive plus ou moins développée dans chaque race ? On ne peut nier ces vérités, en se rappelant surtout qu’il ne s’agit pas ici d’une beauté de convention, mais de la vraie beauté qui réside en partie dans la régularité des traits extérieurs, mais encore plus dans l’expression bien caractérisée de la vie. La cause qui contribue trop souvent à troubler le jugement de ceux qui ne peuvent se figurer un visage à la fois noir et beau provient de la confusion que l’on fait souvent entre la beauté sculpturale, consistant dans la pureté des lignes, et l’éclat qu’elle reçoit par la coloration picturale. La première seule est la source esthétique qui remue en nous tous les sentiments de l’idéal ; la seconde n’est qu’un agrément précieux, mais absolument accessoire.

Cependant, on ne peut nier que la couleur de l’Européen ne soit pas beaucoup plus apte que celle de l’Éthiopien à faire briller les traits d’une grande beauté. Bernardin de Saint-Pierre, dans ses Harmonies de la nature, a finement observé que le contraste existant entre les différentes couleurs et les différentes formes réunies dans le visage caucasique, est le principal élément de sa beauté démesurément éclatante, quand on la compare à celle de l’homme noir. Cette théorie se rapproche d’ailleurs du principe de différenciation imaginé beaucoup plus tard par Herbert Spencer.