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même que M. Delorme, il a fait toutes ses études en Haïti.

Esprit large et serein, mais où la semence religieuse a jeté une empreinte profonde, M. Lochard met la poésie de ses vers au service de toutes les grandes idées d’amélioration et de progrès de l’espèce humaine. Cette poésie, c’est le chant d’une conscience qui embrasse toutes les nobles et belles idées, et les fait chatoyer comme autant de pierres précieuses. Il cherche à deviner les mystères de la destinée et à soulever le voile de l’inconnu, comme s’il voudrait voir, dans un rêve splendide, le rayonnement divin de l’au-delà. C’est bien là une aspiration de poète moderniste, dans notre époque où l’on a toutes les curiosités mêlées à tous les genres d’émotions.

Dans les Chants du soir de M. Lochard, la versification est correcte, facile et ferme, ayant un rythme varié et des rimes sonores. Toutes ses créations sont éclatantes de lumière vive et de modulations variées, mais la note grave y prédomine. On y trouve un je ne sais quoi de solennel qui lui constitue une originalité indiscutable. C’est une âme imprégnée de bonne heure du parfum des Saintes Écritures. Moïse et Lamartine, David et Milton y ont fait une impression égale, à travers toutes les suggestions de la littérature contemporaine. Aussi le lit-on sans fatigue, encore qu’il nous communique des émotions fort troublantes ! On le quitte toujours avec un certain désir de perfection dont nous ne pouvons pas atteindre la plénitude, mais dont la prestigieuse stimulation nous excite délicieusement et nous fait découvrir mille coins bleus dans les tristesses et les joies qui forment les harmonies de l’existence.

De la même famille d’esprit était Alcibiade Fleury-Battier, griffe très brun. Moins correct que Paul Lochard, il avait une gamme beaucoup plus variée, une intuition supérieure de l’art. On ne lui trouvera pas, à coup sûr, cette élévation de pensée, cette attitude solennelle qui fait