Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/379

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parvenir du premier coup ? Par combien de tâtonnements n’a-t-on pas passé avant de réussir à tirer du mélange des couleurs fondamentales, qui sont les plus communes et les plus simples, ces mille nuances qu’un Titien sait détacher de sa palette magique ? Mille fois plus grande a dû être la difficulté pour les anciens Égyptiens qui firent les premiers essais, avant d’avoir eu aucune notion positive ni de la chimie, ni de la physique. On sait combien peu les plus grands artistes modernes réussissent, même aujourd’hui, à figurer les différentes nuances de la carnation des races humaines ; la nuance la plus difficile à rendre est surtout celle du noir rougeâtre, que l’on appelle vulgairement marabout. Cette teinte est bien connue dans la meilleure partie des populations africaines ; car c’est aujourd’hui un fait notoire que les nations d’un noir très foncé, telles que les Yolofs, les plus beaux des Nigritiens, les Aschantis et les habitants du Haoussa, ne forment qu’une minime portion des peuples de l’Afrique. Tout semble indiquer que l’ancienne population de l’Égypte était cette couleur noir rougeâtre que les égyptologues nomment rouge foncé, rouge brique, se rapportant littéralement aux nuances figurées sur les monuments.

Les artistes des premiers temps, s’apercevant de l’imperfection de leurs palettes, ont imaginé un moyen ingénieux de faire remarquer conventionnellement la couleur sombre qu’ils voulaient donner à leurs peintures, en mettant une bande d’un vert très foncé sur les yeux des statues ou des figures dessinées et peintes sur les bas-reliefs des monuments. Le plus souvent la couleur en est franchement noire. C’est même un fait digne de remarque : cette couleur noire est celle avec laquelle sont représentés les principales divinités et la plupart des Pharaons. Quand on ne l’emploie pas, on se sert du bleu d’azur qui s’en approche le plus et qui se confond avec elle, toutes