Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/398

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Procuste, où il fallait coûte que coûte faire entrer les nations et les langues : on coupait la tête à celles-ci ou une préfixe à celles-la ; on y ajoutait de faux pieds ou des suffixes. Tout cela était estropié en diable, allait clopin- clopant, mais semblait souverainement glorieux.

À l’admiration qui saisit l’esprit des Européens, étudiant pour la première fois les hymnes védiques et les épopées bizarres mais attrayantes, telles que le Mahâbhârata et le Râmâyana ; à la lecture de Sakountala aux couleurs idylliques, des Pourânas dont l’esprit enchevêtré, ondoyant et quelque peu germanique, dut paraître d’une profondeur respectable aux savants du temps, on perdit complètement la tête. Ce fut un bonheur inouï pour les arrière-neveux de Romulus, d’Arminius, de Vercingétorix et de tout le reste de la grande et noble famille caucasique, de trouver enfin le trait d’union qui les unissait et dont ils ne s’étaient jamais douté depuis des siècles. On se précipita les uns dans les bras des autres, avec effusion, au nom de l’Arya.

Cela entrait merveilleusement, d’ailleurs, dans le courant d’idées qui régnait de 1830 à 1848, époque à laquelle une alliance solennelle semblait devoir sortir des aspirations communes de toutes les nations de l’Europe, par une protestation spontanée contre l’existence réelle ou supposée de la ligue des rois. La fraternité démocratique moussait contre la Sainte-Alliance.

Quel était cependant ce trait d’union, ce peuple dont le sang régénérateur avait infuse dans les veines de tous les hommes de l’Europe ces belles qualités qui font l’orgueil de la race blanche ? Sans doute une race blanche aussi ?

Mais, non. En choisissant le terme d’indo-européen dont bien des gens se servent encore pour dénommer les hommes du type caucasique, on n’avait fait qu’accoupler ensemble des noms désignant deux races fort distinctes,