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Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/589

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tions, soutenu par le besoin que les grandes nations industrielles éprouvent d’étendre sans cesse leur rayon d’activité et d’augmenter leurs débouchés. Économistes, philosophes et anthropologistes deviennent ainsi des ouvriers de mensonge, qui outragent la science et la nature, en les réduisant au service d’une propagande détestable. En fait, ils ne font que continuer dans le monde intellectuel et moral l’œuvre abominable que les anciens colons exerçaient si bien, en abrutissant l’esclave jaune ou noir par l’éreintement matériel. Combien de travailleurs, en effet, ne se laisseront pas gagner par un pénible et sombre découragement, en lisant les sentences absolues prononcées par les plus grands esprits contre les aptitudes du Nigritien ! Combien d’intelligences naissantes, au sein de la race éthiopique, ne se laisseront pas endormir au souffle mortifère des phrases sacramentelles d’un Renan, d’un de Quatrefages ou d’un Paul Leroy-Beaulieu ! Ces savants ont-ils conscience de leur malheureuse complicité ? Personne ne le sait, personne ne peut le savoir. Ce que l’homme pense dans son for intérieur sera éternellement un mystère pour les autres hommes. Cependant il y a un fait positif, c’est que toutes les tendances colonisatrices de la politique européenne les entraînent dans un courant d’idées où l’égoïsme de race doit dominer fatalement, de plus en plus, les pensées et les inspirations individuelles. Ces tendances renforcent chaque jour les préjugés d’une sotte hiérarchisation ethnique, plutôt que de les laisser tomber dans un relâchement que l’absence de tout intérêt actuel produirait infailliblement et naturellement. De même que la majorité de leurs congénères, ils ne pourraient s’affranchir d’une telle influence qu’en tant que leur esprit serait suffisamment prémuni contre elle. Pourtant tout se réunit de manière à ce qu’ils soient difficilement désabusés.