Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/662

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une assurance plus grande dans les raisonnements que nous sommes encore obligés d’étayer de simples probabilités. D’où la légitimité des aspirations de la science moderne, qui a l’ambition de tout expliquer, en s’appuyant sur des expériences et des recherches qui ne finissent point, mais qui aboutissent à des découvertes de plus en plus précieuses. Ces conquêtes successives, qui enorgueillissent l’esprit humain, en lui inspirant une confiance chaque jour plus grande et inébranlable dans ses déductions, poussent les savants à des déductions souvent aventureuses ; mais peut-on bannir de l’activité intellectuelle tout essai de généralisation, sans retirer aux investigations scientifiques tout ce qui en fait le charme et le but essentiel ? Certainement non.

Après l’étude des faits, il nous vient un désir irrésistible de les rattacher à des lois qui en soient les régulatrices ; en constatant certains phénomènes, nous sommes portés spontanément à inférer que l’objet ou l’être qui les a produits possède des qualités bonnes ou mauvaises, positives ou négatives, selon le caractère qu’ils offrent à notre appréciation. À quelle conclusion doit donc nous conduire l’étude si comparative du cerveau humain ? C’est que, pour les opérations de l’esprit, l’Éthiopien est armé de l’instrument le plus merveilleux. Le jour où, par une culture intellectuelle convenablement dirigée, l’activité cérébrale qu’il gaspille en jeux d’imagination, et en rêveries plus ou moins gracieuses, plus ou moins burlesques, pourra être employée dans les acquisitions sérieuses de la science, il trouvera dans l’organe encéphalique dont la nature l’a doué les ressorts les mieux adaptables aux travaux les plus difficiles et les plus délicats. Je n’ose dire qu’il se montrera plus apte que ceux qui doutent actuellement de sa vigueur intellectuelle, mais en tirant logiquement les déductions qui paraissent découler de l’ensemble des faits que je viens d’analyser, chacun sentira immédiatement la conclusion qui s’impose à son entendement !