Page:Firmin - De l’égalité des races humaines.djvu/78

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interprètes les plus autorisés de ceux qui pensent devoir diviser l’humanité en plusieurs espèces. Pour leur rendre la complète indépendance de leurs arguments, nous prendrons successivement le genre de preuves dans lequel chacun a semblé se mieux complaire. Broca insiste sur les preuves physiques, mais son émule incline surtout pour les preuves intellectuelles et morales.

« La véritable anthropologie, dit M. Pouchet, envisageant l’homme tout entier, ne doit pas négliger sa valeur psychique et psychologique ; quoique la cranioscopie ne soit, en fin de compte, qu’une appréciation détournée de celle-ci, on n’avait jamais pensé jusqu’à ses dernières années à mettre en avant le caractère purement intellectuel des races comme devant aider à leur classification. C’est pourtant un point de départ plus rationnel que de classer les hommes d’après le siège matériel de ces différences ; et « l’école américaine », adoptant aujourd’hui complètement ces vues, a rétabli les variétés morales à leur véritable place comme dominant la craniologie et toutes les différences matérielles qu’on a observées et qui n’en sont que l’expression[1]. »

Cette base de classification, si contraire à celles dont se sont servis la plupart des anthropologistes, pourrait faire croire que M. Pouchet accepte l’unité d’organisation physique parmi les hommes, et ne reconnaît des différences entre eux que dans les manifestations intellectuelles et morales. Mais avec cette habitude des formules invétérée chez les savants, il a conçu une règle dont les termes catégoriques ne le cèdent en rien, quant à la concision, aux plus beaux théorèmes de géométrie. « Deux organismes semblables supposent les puissances psychiques servies par eux, également semblables. » Aussi l’auteur de la Plu-

  1. Georges Pouchet, loco citato, p. 192.