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Page:Fischbach, Le siège et le bombardement de Strasbourg, 1870.djvu/21

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Ce fut avec un certain étonnement qu’on lut cet avis, car il n’était à la connaissance de personne qu’un mouvement quelconque dût se faire le 15 août, et l’avertissement du général, motivé sans doute par de faux rapports dont il s’était alarmé trop vite, prouverait peut-être que lui-même partageait un peu l’émotion croissante qui envahissait les esprits.

Depuis qu’on avait entendu tonner le canon, l’agitation avait augmenté encore, mais sans que ce fût un sentiment de peur qui produisît ce surcroît d’émotion. Non, on sentait le danger grandir, et chacun, ou presque chacun, sentait grandir aussi ses devoirs et reculait les limites des sacrifices qu’il s’était imposés à l’avance. On se serra les uns contre les autres, et de nouveaux dévouements vinrent naître.

La garde nationale sédentaire, qui avait été créée quelques jours auparavant, s’organisait rapidement, et les citoyens en armes étaient prêts, pour la plupart, à dépasser le rôle de gardien de l’ordre intérieur, qui était le seul auquel on les appelât, pour marcher, au besoin, à côté des corps militaires et échanger des coups de feu avec l’ennemi.

En même temps surgissait le projet de créer un corps de francs-tireurs. On proposait de grouper les citoyens habitués au maniement du fusil, de les utiliser à la défense des remparts, de leur faire prendre part aux sorties, aux reconnaissances, de les employer enfin à toutes les opérations de défense de la place. Ce projet fut adopté, et les francs-tireurs ne furent pas les moins braves parmi ceux qui luttèrent contre les assiégeants.

La journée du 14 août fut signalée par un événement qui parut bien grave alors et qui mit la ville en émoi.