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Page:Fischbach, Le siège et le bombardement de Strasbourg, 1870.djvu/24

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ces lanternes étaient de formes si diverses et d’âges si distants, elles pendaient à des hauteurs si différentes, les unes au rez-de-chaussée, les autres au troisième étage, et le coup d’œil de ces mille points lumineux était si nouveau et si bizarre, qu’on ne songeait presque pas à déplorer l’absence du gaz. Dans les vieux quartiers de la ville, dans les ruelles étroites de la Krutenau, au bord des vieux quais, on se fût cru en plein moyen âge en voyant ces antiques façades effleurées du rayon rougeâtre qui s’efforçait de sortir de quelque lumignon borgne.

13 août.

Les troupes badoises qui occupaient la Robertsau avaient été averties sans doute par leurs éclaireurs de la reconnaissance que la garnison avait tentée vers elles la veille, et s’étaient retirées pour revenir dans la nuit. Le 15 août, à trois heures du matin, en effet, une formidable détonation retentit du côté de la Robertsau : c’était le beau pont à colonnes qui traversait le canal de la Marne-au-Rhin et conduisait de la promenade Lenôtre à la Robertsau, que l’ennemi avait miné pendant la nuit et venait de faire sauter. Les communications directes avec ce village étaient donc interrompues aussi, et les légumes, le lait, le bétail amenés journellement de cette partie de la banlieue manquaient désormais à la ville.

Cette journée du 15 août ne présentait point la physionomie qu’elle avait eue les années précédentes. Alors que la France était aux mains de Napoléon III, Strasbourg, comme toutes les autres villes du pays, devait prendre ce jour-là des airs de fête, et l’on y dépensait de fortes sommes pour quelques réjouissances qui atti-