zon un peu après sept heures et me mis à errer, assez mal à mon aise, au milieu des remous et des tourbillons de gens qui m’étaient inconnus — bien que de-ci de-là il y eût des figures déjà remarquées dans le train de banlieue. Je fus immédiatement frappé par la quantité de jeunes Anglais que contenait la foule — tous bien vêtus, tous l’air un peu affamés, tous conversant à voix basse et fervente avec des Américains solides et prospères. J’étais sûr qu’ils vendaient quelque chose : actions, assurances ou autos. Tout au moins, ils sentaient avec une intensité douloureuse l’argent facile à prendre qui circulait aux alentours, convaincus qu’il serait leur pour peu qu’ils prononçassent quelques paroles sur le ton qu’il fallait.
Sitôt arrivé, je me mis à la recherche de mon hôte, mais les deux ou trois personnes auprès desquelles je m’enquis de lui me regardèrent si étonnées et nièrent avec une telle véhémence qu’elles fussent au courant de ses déplacements, que je me glissai vers la table aux cocktails — unique endroit dans le jardin où un homme privé d’une compagne pouvait s’attarder sans se révéler solitaire et désorienté.
Par pur embarras, j’allais m’enivrer à en hurler, quand, sortant de la maison, Jordan Baker se posta sur le perron de marbre, légèrement penchée en arrière, les yeux abaissés vers le jardin qu’elle se mit à examiner avec un intérêt dédaigneux.
Que je fusse ou non le bienvenu, je jugeai nécessaire de m’attacher à quelqu’un avant de me laisser