Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/480

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claroit sy tost et sy ouvertement contre luy, en sorte que les séditieux ayans fait la recherche de toute sa vie et des choses mesmes qui ne les regardoient pas, ils insinuèrent facilement en son absence beaucoup de faits dont eux-mesmes ny leurs tesmoings n’en parlèrent que par ouy dire, et avec cette mesme facilité firent condamner ledit suppliant par contumace par le lieutenant criminel de Riom, devant lequel il n’a osé se représenter au deffaut d’enthérinement de ses lettres de grâce, et ensuite de faire confirmer cette condamnatian aux Grands-Jours d’Auvergne, en l’année 1666, le tout par deffaut et contumace. Cette suite de malheurs l’ayant enfin réduit à la nécessité de quitter son pays et peu de temps après le royaume, ayant auparavant recherché toutes les occasions d’honneur pour donner des marques de son zèle et de son inviolable fidélité à nostre service, n’ayant jamais manqué à ce qu’un gentilhomme doibt à son Roy et à soy-mesme, ny commis aucune action qui le puisse rendre indigne de la grâce qu’il nous a très-humblement fait supplier de luy vouloir accorder et nos lettres sur ce nécessaires ; A ces causes, ayans en singulière recommandation les instantes prières qui nous ont esté faites et réitérées en faveur dudit suppliant par nostre frère l’Électeur de Bavière, par feue nostre sœur l’Ëlectrice et par feu nostre frère le Duc de Savoye, qui nous ont rendu des tesmoignages très-advantageux de sa conduite depuis qu’il est retiré dans leurs estats, estans très-bien informé d’ailleurs que la jeunesse a eu la plus grande part en ses actions les plus criminelles, avant qu’il feust entré en nostre service ; mettans aussy en considération ceux rendus aux roys nos prédécesseurs par ses ancestres, son ayeul ayant esté tué à Brives, commandant la noblesse d’Auvergne dans les mouvemens, et son père, le marquis d’Espinchal, blessé en quatre ou cinq batailles, commandant les chevau-légers du prince de Ginville, les sieurs Tagenac et de Massiac, ses oncles, tuez dans nos armées, et le comte de Dunieres, son frère, mestre de camp d’un régiment d’infanterie, mort à nostre service, ledit suppliant mesme s’estant signalé au secours de Saluce, où il receut une mousquetade, et en plusieurs autres campagnes, et comme volontaire dans nos armées de mer auprès du marquis de Ternes, son oncle, lieutenant général de nos galères, comme aussy, en Guyenne, mestre de camp de cavallerie au siège de Monron, oùil commandoit nostre cavallerie, de mesme qu’en Italie où il a tous-