Page:Flammarion - L’atmosphère. Météorologie populaire.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’ATMOSPHÈRE. paysages, forêts, plantes, animaux, hommes, tout vit dans l’atmosphère et par elle. Mer aérienne répandue sur le monde, ses vagues baignent les montagnes et les vallées, et nous vivons au fond de cette mer, pénétrés par elle. C’est elle qui glisse en vivifiant fluide à travers nos poumons qui respirent, ouvre la frêle existence de l’enfant qui vient de naître, et reçoit le dernier soupir du moribond étendu sur son lit de douleur. C’est elle qui répand la verdure sur les riantes prairies, nourrissant les petites fleurs endormies comme les grands arbres qui travaillent à emmagasiner les rayons solaires pour nous les livrer plus tard. C’est elle qui décore d’une voûte d’azur la planète où nous vivons, et nous fait une demeure au milieu de laquelle nous agissons comme si nous étions les seuls locataires de l’infini, les maîtres de l’univers. C’est elle qui illumine la nue des doux flamboiements du crépuscule, des splendeurs ondoyantes de l’aurore boréale, des palpitations de l’éclair, des multiples phénomènes aériens. Tantôt elle nous inonde de lumière et de chaleur tantôt elle nous couvre d’un ciel sombre. Tantôt elle dessine des nuages de toute forme et de toute couleur ; tantôt elle verse la pluie à torrents sur les campagnes altérées. Elle est le véhicule des suaves parfums qui descendent des collines, du son qui permet aux êtres vivants de communiquer entre eux, du chant des oiseaux, des soupirs de la forêt, des plaintes de la vague écumante. Sans elle, la planète serait inerte et aride, silencieuse et sans vie. Par elle, le globe est peuplé d’habitants de toutes formes. Elle enveloppe la Terre d’un fluide transparent, à travers lequel passent les doux rayons de la lumière, à travers lequel notre vue plonge jusqu’aux astres de l’infini, heureuse transparence, qu’un rien eût pu troubler pour toujours, et sans laquelle, l’Astronomie n’ayant pu naître, nous serions restés à jamais ignorants de notre situation dans l’immense univers. Nous aurions vécu au milieu d’un perpétuel brouillard, comme des aveugles-nés, comme des plantes. Puissante et bienfaisante atmosphère, elle fait vivre la pensée, et elle fait vivre les corps. Ses