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LA FIN DU MONDE

toute apparence, cette diminution marche parallèlement avec le nivellement. À mesure que le globe perdra sa chaleur interne et se refroidira, il subira sans doute le sort de la Lune et se crevassera. L’extinction absolue de la chaleur terrestre aura pour résultat d’opérer des retraits, de produire des vides dans l’intérieur, et l’eau des océans s’écoulera dans ces vides, sans être transformée en vapeur, et sera soit absorbée, soit combinée avec les roches métalliques, à l’état d’hydrate d’oxyde de fer. La quantité d’eau diminuera indéfiniment jusqu’à sa disparition peut-être totale. Les végétaux manqueront de leur élément essentiel, se transformeront, mais finiront par dépérir. Les espèces animales se transformeront également ; mais il y aura toujours des herbivores et des carnivores, et les premiers disparaîtront d’abord graduellement, entraînant la mort inévitable des autres, jusqu’à ce qu’enfin l’espèce humaine elle-même, malgré ses transformations, meure de faim et de soif, sur le flanc de la terre desséchée.

« Par conséquent, messieurs, nous pouvons conclure que la fin du monde n’arrivera point par un nouveau déluge, mais par la diminution de l’eau. Sans eau, la vie terrestre est impossible. L’eau constitue la partie essentielle de tous les corps vivants. Le corps humain lui-même en est formé, dans l’énorme proportion de 70 pour 100. Sans eau, il ne peut exister ni plantes ni animaux. Soit à l’état liquide, soit à l’état de vapeur,