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LA FIN DU MONDE

avec laquelle nous avons fait connaissance au début de ce livre se dirigea vers la tribune.

« Mes deux savants collègues, fit-elle, sans exorde superflu, ont raison tous les deux, puisque d’une part il est incontestable que les agents météoriques, aidés par la pesanteur, nivellent insensiblement le globe terrestre, dont l’écorce s’épaissit et se solidifie de plus en plus, et que d’autre part la quantité d’eau diminue de siècle en siècle à la surface de notre planète. Ce sont là deux points que la science peut considérer comme acquis. Mais, messieurs, il me semble pourtant que la fin du monde n’aura pour cause ni la submersion des continents ni le manque d’eau pour l’entretien de la vie des plantes et des animaux. »

Cette nouvelle déclaration, cette annonce d’une troisième hypothèse, parut frapper l’auditoire d’un étonnement voisin de la stupéfaction.

« Et je ne crois pas davantage, se hâta d’ajouter l’élégante oratrice, que ce soit la comète qui se charge de la catastrophe finale ; car je pense, avec mes deux éminents prédécesseurs à cette tribune, que les mondes ne meurent pas d’accident, mais de vieillesse.

« Oui, sans doute, messieurs, continua-t-elle, l’eau diminuera, et peut-être finira-t-elle même par disparaître entièrement ; mais ce n’est pas ce manque d’eau en lui-même qui amènera la fin des choses, ce sera sa conséquence climatologique. La diminution de la vapeur d’eau dans l’atmosphère