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LA FIN DU MONDE

représentent pas en volume la centième partie de l’espace occupé par les autres) que l’on pourrait croire que, si de la chaleur est conservée, c’est plutôt par l’azote et l’oxygène que par la vapeur d’eau. En effet, si nous considérons les atomes en particulier, nous voyons que pour 200 d’oxygène et d’azote il y en a à peine 1 de vapeur aqueuse. Eh bien ! ce seul atome a quatre-vingts fois plus d’énergie, plus de valeur effective pour conserver la chaleur rayonnante, que les 200 d’oxygène et d’azote ! Par conséquent, une molécule de vapeur d’eau est seize mille fois plus efficace qu’une molécule d’air sec pour absorber la chaleur — comme pour la rayonner — car les deux pouvoirs sont réciproques et proportionnels. Diminuez dans une forte proportion ces molécules invisibles de la vapeur d’eau, et la Terre devient immédiatement inhabitable malgré l’oxygène : toutes les contrées, même l’équateur et les tropiques, perdent soudain la chaleur qui les fait vivre, et sont condamnées au climat des hautes montagnes où sévissent des frimas éternels ; au lieu des plantes luxuriantes, des fleurs et des fruits, des oiseaux et des nids, de la vie qui pullule sur le globe et dans les eaux, au lieu des ruisseaux gazouillants, des limpides rivières, des lacs et des mers, nous n’avons plus autour de nous que des glaces immobiles au sein d’un immense désert… Et quand je dis nous, mesdames, vous m’entendez, nous ne resterions pas longtemps là pour le voir, car notre sang lui-même se figerait dans nos