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Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/12

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LA FIN DU MONDE

saient devant elle, sans rémission, une question de vie ou de mort.

Mais remontons au début.

Trois mois environ avant le jour où nous sommes, le Directeur de l’Observatoire du mont Gaorisankar avait téléphoné aux principaux Observatoires du globe, et notamment à celui de Paris[1], une dépêche ainsi conçue :

« Une comète télescopique a été découverte cette nuit par 21h16m42s d’ascension droite et 49° 53′ 45″ de déclinaison boréale. Mouvement diurne très faible. La comète est verdâtre. »

Il ne se passait pas de mois sans que des comètes télescopiques fussent découvertes et annoncées aux divers Observatoires, surtout depuis, que des astronomes intrépides étaient installés : en Asie, sur les hauts sommets du Gaorisankar, du Dapsang et du Kintchindjinga ; dans l’Amérique du Sud, sur l’Aconcagua, l’Illampon et le Chimborazo, ainsi qu’en Afrique sur le Kilima-N’djaro

  1. Depuis trois cents ans environ, l’Observatoire de Paris n’était plus que le siège de l’administration centrale de l’astronomie française. Les observations astronomiques se faisaient en des conditions incomparablement préférables à celles des cités basses, populeuses et poussiéreuses, sur des montagnes émergeant dans une atmosphère pure et isolées des distractions mondaines. Des fils téléphoniques reliaient constamment les observateurs avec l’administration centrale. Les instruments que l’on y conservait n’étaient plus guère appliqués qu’à satisfaire la curiosité de quelques savants fixés à Paris par leurs fonctions sédentaires, ou à la vérification de certaines découvertes.