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LA FIN DU MONDE

comètes semblaient se partager les sinistres prédictions. Parmi les comètes historiques les plus mémorables à ce point de vue, signalons : celle de Guillaume le Conquérant, qui brilla en 1066 et que l’on voit représentée sur la tapisserie de la reine Mathilde, à Bayeux ; celle de l’an 1264, qui, dit-on, disparut le jour même de la mort du pape Urbain IV ; celle de l’an 1337, l’une des plus belles et des plus grandes que l’on ait vues et qui « présagea » la mort de Frédéric, roi de Sicile ; celle de 1399, que Juvénal des Ursins qualifia « signe de grand mal à venir » ; celle de 1402, que l’on associa à la mort de Jean Galéas Visconti, duc de Milan ; celle de 1456, qui jeta l’effroi dans toute la chrétienté, sous le pape Calixte III, pendant la guerre des Turcs, et qui est associée à l’histoire de l’Angélus, et celle de 1472, qui précéda la mort du frère de Louis XI. D’autres leur succédèrent, associées comme les précédentes aux catastrophes, aux guerres et surtout à la menace de la fin dernière. Celle de 1527 est représentée par Ambroise Paré et par Simon Goulart comme formée de têtes coupées, de poignards et de nuages sanglants[1]. Celle de 1531 parut annoncer la mort de Louise de Savoie, mère de François Ier, et la princesse partagea l’erreur commune sur ces

  1. La figure ci-contre est un fac-similé, par la photogravure, du dessin original publié dans les Œuvres d’Ambroise Paré, édition de 1633, p. 810, au chapitre des Monstres célestes. Ce curieux fac-similé est, comme les trois précédents, sans aucune retouche : ils nous transportent aux siècles de nos aïeux.