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LA FIN DU MONDE

cette énigme céleste était l’étoile des Mages, qui revenait annoncer le retour de l’Homme-Dieu, le jugement dernier et la résurrection. De là, grand émoi parmi toutes les classes de la société… L’étoile diminua graduellement d’éclat et finit par s’éteindre au bout de dix-huit mois — sans avoir amené aucune catastrophe autre que toutes celles que la sottise humaine ajoute aux misères d’une planète assez mal réussie.

L’histoire des sciences rapporte plusieurs apparitions de ce genre, mais celle-ci a été la plus mémorable.

Des émotions du même ordre ont accompagné tous les grands phénomènes de la nature, surtout lorsqu’ils étaient imprévus. On peut lire dans les chroniques du moyen âge et même dans les mémoires plus récents l’émoi que des aurores boréales, des pluies d’étoiles filantes, des chutes de bolides ont produit sur leurs spectateurs alarmés. Naguère encore, lors de la grande pluie d’étoiles du 27 novembre 1872, qui jeta dans le ciel plus de quarante mille météores provenant de la dissolution de la comète de Biéla, on a vu, à Nice, notamment, aussi bien qu’à Rome, des femmes du peuple se précipiter vers ceux qu’elles jugeaient en état de les renseigner pour s’enquérir de la cause de ce feu d’artifice céleste, qu’elles avaient immédiatement associé à l’idée de la fin du monde et de la chute des étoiles annoncée comme devant précéder le dernier cataclysme.