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LA FIN DU MONDE

Le calcul indiquait que le globe terrestre devait pénétrer dans le sein de la comète comme un boulet dans une masse nuageuse et que, à partir du premier contact des zones extrêmes de l’atmosphère cométaire avec celles de l’atmosphère terrestre, la traversée durerait quatre heures et demie, ce dont il est facile de se rendre compte puisque la comète — étant environ soixante-cinq fois plus large que la Terre en diamètre — devait être traversée non centralement, mais à un quart de la distance du centre, à la vitesse de 173 000 kilomètres à l’heure. Il y avait environ quarante minutes que le premier contact avait eu lieu, lorsque la chaleur de l’incandescente fournaise et l’horrible odeur de soufre devinrent tellement suffocantes que quelques instants de plus de ce supplice allaient, sans rémission, arrêter toute vie dans son cours. Les astronomes eux-mêmes se traînèrent dans l’intérieur des observatoires, qu’ils cherchèrent à fermer hermétiquement, et descendirent aussi dans les caves ; seule, à Paris, la jeune calculatrice, avec laquelle nous avons fait connaissance, resta quelques secondes de plus sur la terrasse, assez pour assister à l’irruption d’un bolide formidable, quinze ou vingt fois plus gros que la Lune en apparence, et qui se précipitait vers le sud avec la vitesse de l’éclair. Mais les forces manquaient pour toutes les observations. On ne respirait plus. À la chaleur et à la sécheresse, destructives de toute fonction vitale, s’ajoutait