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Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/22

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LA FIN DU MONDE

cette fois du Mont-Hamilton, en Californie, vint frapper les chimistes et les physiologistes :

« Les observations spectroscopiques établissent que la comète est une masse assez dense, composée de plusieurs gaz, dans lesquels domine l’oxyde de carbone. »

L’affaire se corsait. La rencontre avec la Terre était devenue certaine. Si les astronomes ne s’en préoccupaient pas outre mesure, étant accoutumés depuis des siècles à considérer ces conjonctions célestes comme inoffensives ; si même les principaux d’entre eux avaient fini par mettre dédaigneusement à la porte les innombrables intervieweurs qui venaient incessamment les importuner, en leur déclarant que cette prédiction n’intéressait pas le vulgaire et que c’était là un pur sujet astronomique qui ne les regardait pas, les médecins avaient commencé à s’émouvoir et discutaient avec vivacité sur les possibilités d’asphyxie ou d’empoisonnement. Moins indifférents pour l’opinion publique, ils n’avaient point éconduit les journalistes, au contraire, et en quelques jours la question avait subitement changé de face. D’astronomique, elle était devenue physiologique, et les noms de tous les médecins célèbres ou fameux brillaient en vedette à la première page des journaux quotidiens ; leurs portraits occupaient les revues illustrées, et une rubrique spéciale annonçait un peu partout : « Consultations sur la comète. » Déjà même la variété, la diversité, l’antagonisme des apprécia-