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LE CHOC

Tandis que la plus grande partie de l’hémisphère terrestre tourné vers la comète à l’heure de la rencontre avait été frappée par la constrictante sécheresse, la suffocante chaleur, l’infecte odeur sulfureuse et la stupeur léthargique résultant de la résistance apportée au cours de l’astre par l’atmosphère, de l’électrisation sursaturée de l’ozone et du mélange du protoxyde d’azote avec l’air supérieur, l’autre hémisphère terrestre était resté à peu près indemne, à part les troubles atmosphériques inévitables déterminés par la rupture d’équilibre. Les baromètres enregistreurs avaient tracé des courbes fantastiques, avec des montagnes et des abîmes. Heureusement, la comète n’avait fait que frôler la Terre, et le choc était loin d’avoir été central. Sans doute même l’attraction du globe terrestre avait-elle énergiquement agi dans la chute des bolides sur l’Italie et la Méditerranée. Dans tous les cas, l’orbite de la comète fut entièrement transformée par cette perturbation, tandis que la Terre et la Lune continuèrent tranquillement leur cours autour du Soleil, comme si rien ne s’était passé. De parabolique, l’orbite de la comète devint elliptique, avec son aphélie voisin du point de l’écliptique où elle avait été capturée par l’attraction de notre planète.

Lorsqu’on fit plus tard la statistique des victimes de la comète, il se trouva que le nombre des morts s’élevait au quarantième de la population européenne. À Paris seulement, qui s’étendait sur une