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LES ÉTAPES DE L’AVENIR

teurs) les citoyennes les plus éloquentes réclamaient à chaque session le désarmement. Enfin, la cinquième année, devant le mur d’opposition féminine qui de jour en jour se faisait plus épais et plus infranchissable, les députés de tous les pays, comme poussés par un même ressort, firent assaut d’éloquence pour surenchérir encore sur tous les arguments invoqués par les femmes, et la même semaine, en Allemagne, en France, en Italie, en Autriche, en Espagne, le désarmement fut déclaré. La République allemande avait triomphé des vieux préjugés dont elle avait eu elle-même le plus à souffrir.

C’était au printemps. Il n’y eut aucune révolution. D’innombrables mariages s’ensuivirent. La Russie et l’Angleterre étaient restées en dehors du mouvement, le suffrage des femmes n’y ayant pas été unanime. Mais, comme l’année suivante tous les peuples de l’Europe constitués en républiques se confédérèrent en un seul État, sur l’invitation du gouvernement des États-Unis d’Europe, les deux grandes nations décrétèrent, elles aussi, le désarmement graduel et par dixièmes. Depuis longtemps déjà les Indes n’appartenaient plus à l’Angleterre, et celle-ci était constituée en république. Quant à la Russie, la forme monarchique y subsistait toujours. Les ministères de la guerre furent partout supprimés comme une monstruosité sociale, effacés comme une tache infamante. On était alors au milieu du vingt-quatrième siècle. Dès cette époque, le sentiment étroit de la patrie fut remplacé par le