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LA FIN DU MONDE

nes, toutes ces abstractions de la pensée pieuse s’étaient envolées avec l’encens des prières, s’étaient perdues dans le ciel terrestre, dans l’atmosphère nuageuse, sans atteindre l’Être inattingible. L’esprit humain n’avait pu connaître l’incognoscible.

L’astronomie avait atteint son but : la connaissance de la nature des autres mondes.

Comme les langues, comme les idées, comme les mœurs, comme les lois, la manière de supputer le temps avait changé. On comptait toujours par années et par siècles ; mais l’ère chrétienne avait disparu ainsi que les saints du calendrier, aussi bien que les ères musulmane, juive, chinoise, africaine et autres. Les anciennes religions d’État s’étaient éteintes avec les budgets des cultes, et progressivement elles avaient été remplacées dans les cœurs par la philosophie astronomique.

Il n’y avait plus qu’un seul calendrier pour l’humanité entière, composé de douze mois partagés en quatre trimestres égaux formés de trois mois de 31, 30 et 30 jours, chaque trimestre contenant treize semaines exactement. Le « jour de l’an » était un jour de fête et ne comptait pas dans l’année. Aux années bissextiles, il y en avait deux. La semaine avait été conservée. Toutes les années commençaient le même jour, le lundi, et les mêmes dates correspondaient indéfiniment aux mêmes jours de la semaine. L’année commençait pour tout le globe à l’ancienne date du 20 mars. L’ère,