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LA FIN DU MONDE

avait peut-être un milliard d’hommes à la surface du globe. À la fin du dix-neuvième siècle il y en avait un milliard et demi. Au vingt-deuxième siècle il y en avait eu deux milliards, au vingt-neuvième trois milliards. À son apogée, la population terrestre avait atteint dix milliards. Puis elle avait commencé à décroître.

Des innombrables corps humains qui ont vécu, il ne reste rien. Tout est retourné aux éléments pour reformer d’autres êtres. Le ciel sourit, le champ fleurit : la Mort moissonne.

À mesure que les jours passent, ce qui a existé pendant ces jours tombe dans le néant. Travaux, plaisirs, chagrins, bonheurs : le temps a fui et le jour passé n’existe plus. Les gloires d’autrefois ont fait place à des ruines. Dans le gouffre de l’éternité, ce qui fut a disparu. Le monde visible s’évanouit à chaque moment. Le seul réel, le seul durable, c’est l’invisible.

Les conditions de la vie terrestre avaient lentement changé. L’eau avait diminué à la surface de la planète. C’était la vapeur d’eau atmosphérique qui entretenait la chaleur et la vie ; c’est sa disparition qui amena le refroidissement et la mort. Si, dès maintenant, la vapeur d’eau disparaissait de l’atmosphère, la chaleur solaire serait incapable d’entretenir la vie végétale et animale, vie qui, d’ailleurs, ne pourrait subsister, puisque végétaux comme animaux sont essentiellement composés d’eau.