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LA FIN DU MONDE

tité de chaleur et de lumière ; du moins cette quantité n’avait pas varié de plus d’un dixième. L’astre était seulement un peu plus jaune et un peu plus petit.

La Lune tournait toujours autour de la Terre, mais plus lentement. Elle s’était éloignée graduellement de notre globe et sa dimension apparente avait diminué (pour le Soleil, c’était sa dimension réelle qui avait changé). En même temps, le mouvement de rotation de la Terre s’était ralenti. Ce triple effet — ralentissement du mouvement de rotation de notre globe, éloignement de la Lune et allongement du mois lunaire — avait été produit par le frottement des marées, qui agissent un peu à la façon d’un frein. Si la Terre et la Lune duraient assez longtemps, ainsi que les océans et les marées, le calcul permet même de prévoir qu’il arriverait une époque à laquelle la rotation de notre globe serait tellement ralentie qu’elle finirait par devenir l’égale du mois lunaire, allongé lui-même à ce point qu’il n’y aurait plus dans l’année que cinq jours un quart : la Terre présenterait alors toujours la même face à la Lune. Mais une telle transformation de choses ne demanderait pas moins de cent cinquante millions d’années pour s’accomplir. La période à laquelle nous sommes arrivés (dix millions d’années) ne représente que le quinzième de cette durée ; au lieu d’être soixante-dix fois plus longue qu’aujourd’hui, la rotation de la Terre n’était seulement que quatre fois et demie plus longue, de cent dix heures environ.