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Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/346

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LA FIN DU MONDE

grands fleuves étaient le siège d’une activité prodigieuse ; de brillantes cités apparaissaient, peuplées de multitudes en mouvement ; on ne distinguait ni les détails de ces habitations ni la forme de ces êtres nouveaux, mais on devinait que c’était là une humanité toute différente de la nôtre, vivant au sein d’une autre nature, ayant à sa disposition d’autres organes, d’autres sens, et l’on devinait aussi que c’était là un monde prodigieux, incomparablement supérieur à la Terre.

« Voilà où nous serons demain, fit la morte, et où nous retrouverons toute l’ancienne humanité terrestre, perfectionnée et transformée. Jupiter a reçu l’héritage de la Terre. Notre monde a accompli son œuvre. Il n’y aura plus de générations ici-bas. Adieu ! »

Elle leur tendait les bras. Ils se penchèrent sur son pâle visage et posèrent un long baiser sur son front. Mais ils s’aperçurent que ce front était resté, malgré cet étrange réveil, froid comme un marbre. La morte avait fermé les yeux et ne les rouvrit plus.