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DERNIER JOUR

l’immensité du ciel ; mais, tournoyant sur elle-même, elle était retombée dans les bras d’Omégar qui s’était précipité pour la recevoir. Elle était morte en prononçant le dernier mot.

Il colla ses lèvres sur les siennes et, traversé d’un frisson glacial, sentit lui-même que sa propre vie s’évanouissait. Son cœur précipita ses battements, et, tout d’un coup, s’arrêta.

Leurs regards s’étaient éteints ensemble en recevant les rayons de Jupiter, et doucement leurs yeux se fermèrent.

L’ombre de Khéops s’éleva dans l’espace et disparut. Celui qui aurait pu la voir, non point avec les yeux du corps qui ne perçoivent que les vibrations physiques, mais avec ceux de l’esprit qui savent percevoir les vibrations psychiques, celui-là aurait vu, emportées par cette ombre, deux petites flammes brillant l’une près de l’autre et mariées dans une même attraction, montant ensemble dans les cieux.

Alors il ne resta plus sur la Terre que quelques groupes humains chétifs, mourant de froid et de faim, sortes d’Esquimaux sauvages vêtus de peaux de bêtes, cherchant dans les dernières cavernes leur dernier abri, leur suprême tombeau. La race humaine intelligente était bien finie. Des espèces animales dégénérées survécurent encore pendant quelques milliers d’années. Puis, insen-