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Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/53

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LA SÉANCE DE L’INSTITUT

puis un demi-siècle déjà les serviteurs humains devenus introuvables, se tenaient aux portes, plutôt par obéissance aux règlements que pour vérifier les cartes d’entrée, car longtemps avant l’heure l’envahissement avait été irrésistible.

Le Président ouvrit la séance en ces termes[1] :

« Mesdames, Messieurs,

« Vous connaissez tous le but suprême de notre réunion. Jamais, certainement, l’humanité n’a traversé une phase pareille à celle que nous subissons en ce moment. Jamais, en particulier, cette salle antique du vingtième siècle n’a réuni pareil auditoire. Le grand problème de la fin du monde est, depuis quinze jours surtout, l’objet unique de la discussion et de l’étude des savants. Ces discussions, ces études vont être exposées ici. Je donne immédiatement la parole à M. le Directeur de l’Observatoire. »

L’astronome se leva aussitôt, tenant quelques notes à la main. Il avait la parole facile, la voix agréable, la figure jovienne, le geste sobre, le regard très doux. Son front était vaste, et une magnifique chevelure blanche toute bouclée encadrait sa

  1. Il serait superflu de faire remarquer pour nos lecteurs que la langue du vingt-cinquième siècle est ici traduite en celle du dix-neuvième.