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Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/61

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LA SÉANCE DE L’INSTITUT

terre, d’une éruption volcanique ou d’un cyclone. »

Ainsi parla l’illustre astronome. Son calme philosophique, la finesse de son esprit, son désintéressement apparent du danger, tout contribua à tranquilliser l’auditoire, sans peut-être, toutefois, le convaincre entièrement. Il ne s’agissait plus de la fin totale des choses, mais d’une catastrophe à laquelle, en définitive, on pourrait probablement échapper. On commençait à se communiquer ses impressions en mille conversations particulières ;
les commerçants et les hommes politiques eux-mêmes paraissaient avoir exactement compris les arguments de la science, lorsque, sur une invitation partie du Bureau, on vit arriver lentement à la tribune le Président de l’Académie de médecine.

C’était un homme grand, sec, mince, tout d’une pièce, à figure blême, l’aspect ascétique, le visage saturnien, le crâne chauve, avec des favoris gris coupés ras. Sa voix avait quelque chose de caverneux, et tout son aspect rappelait plutôt à l’esprit la présence d’un employé des pompes funèbres, que celle d’un médecin animé de l’espérance de guérir ses malades. Sa conviction sur