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Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/68

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LA FIN DU MONDE

moi, je le répète, l’humanité terrestre est en danger de mort, et je vois non pas une, mais deux, trois et quatre causes mortelles prêtes à fondre sur elle. Ce serait un miracle qu’elle en réchappât. Et depuis bien des siècles personne ne compte plus sur les miracles. »

Ce discours prononcé avec l’accent de la conviction, d’une voix forte, calme, sombre, rejeta l’auditoire tout entier dans l’état dont la première allocution avait eu le don de le faire sortir. La certitude du cataclysme prochain se peignit sur tous les visages ; les uns étaient devenus jaunes et presque verts ; les autres, subitement colorés d’un rouge écarlate, semblaient tout prêts pour l’apoplexie ; un très petit nombre d’auditeurs paraissaient avoir conservé leur sang-froid, gardé quelque scepticisme ou pris philosophiquement leur parti. Un immense murmure emplissait la salle, chacun faisant part à son voisin de ses réflexions, généralement plus optimistes que sincères : personne n’aime paraître avoir peur.

Le Président de la Société astronomique de France se leva à son tour et se dirigea vers la tribune. Les conversations particulières s’arrêtèrent aussitôt. Voici les passages essentiels de son discours : l’exorde, le centre et la péroraison :

« Mesdames, messieurs, d’après les exposés que nous venons d’entendre, il ne peut rester aucun doute dans l’esprit de personne sur la