LA PLANÈTE MARS.
mais un mois
après l’équinoxe vernal, le 12 janvier 1882. À cette époque, plusieurs autres géminations avaient déjà paru, et bientôt la planète en fut remplie, en deux mois, depuis le 19 décembre jusqu’au 22 février, j’ai pu constater
trente géminations. Pendant l’opposition de 1884, j’ai pu en voir distinctement encore quelques-unes ; plusieurs autres paraissaient probables, mais elles n’étaient plus assez distinctes. C’était de deux à quatre mois avant le solstice boréal. En 1886 (à l’époque du solstice boréal, un mois avant et un mois après), la plus grande partie des géminations n’existait plus, beaucoup de canaux étaient redevenus simples, d’autres avaient disparu ; toutefois plusieurs étaient encore évidemment doubles, entre autres l’Hydraotes, très nettement. Quelques-uns de ces doublements furent constatés à la même époque à l’Observatoire de Nice par
M. Perrotin et ses collaborateurs. Enfin, en mai et juin 1888 (deux et trois mois après le solstice boréal), commença une nouvelle reprise des géminations, pendant laquelle on vit se doubler plusieurs canaux, qui jusque-là étaient restés simples, et rester simples plusieurs qui étaient doubles en 1882. L’ensemble des observations donne quelque poids à l’idée que le phénomène doit être réglé par la période des saisons de Mars ; qu’il se produit principalement
un peu après l’équinoxe de printemps et un peu avant l’équinoxe d’automne ; qu’après avoir duré quelques mois, les géminations s’effacent en grande partie à l’époque du solstice boréal, et disparaissent toutes à l’époque du solstice austral. La vérification de ces conjectures ne se fera pas attendre longtemps, et une première occasion de la faire se présentera en 1892. L’opposition de cette année aura lieu dans les mêmes conditions à peu près que celle de 1877, et il faudra s’attendre à une absence complète de géminations.
La Pl. II (p. 440) a donné une idée de l’arrangement général des géminations
observées en 1882 et en 1888. Il n’est pas besoin d’avertir le lecteur que cette
carte ne représente l’état de la planète à aucune époque, car les géminations ne
se produisent pas toutes ensemble. C’est encore ici un index graphique de ces
formations, qui comprend à peu près toutes celles que j’ai pu constater jusqu’à
présent.
Nous avons remarqué plus haut qu’il existe sur la planète un certain nombre
de nœuds ou de points d’intersection, de convergence, où plusieurs canaux se
rencontrent sous une forme plus ou moins régulière. L’aspect de ces nœuds
change d’une manière analogue à celle des canaux. Lorsque les canaux qui aboutissent
à un nœud sont tous invisibles, le nœud est invisible aussi, ou s’annonce
tout au plus par une ombre légère et diffuse. L’apparition des canaux comme
lignes simples ou doubles de cours déterminé produit dans le nœud un réseau de
lignes dont il est ordinairement impossible de démêler la structure, à cause de
la grande quantité de détails qui s’accumulent alors dans un espace relativement
petit. La confusion est accrue dans le plus grand nombre de cas par une espèce
d’ombre confuse assez forte qui entoure le nœud et le rend visible comme une
tache plus ou moins forte qui se transforme quelquefois en un vrai lac à couleur
noire et à contours bien déterminés (Lacus Niliacus 1879-86, Trivium-Charontis