Cette cause est évidemment réduite à son minimum lorsque l’observateur
se préoccupe d’avance de ce qu’il doit trouver sur la planète, lorsqu’il connaît
par les éphémérides quelle est la longitude du méridien central et quel est
l’aspect qui doit se présenter à ses yeux. C’est ce qui est arrivé notamment
dans les observations de M. Terby, de Louvain, pendant l’opposition
de 1888. Cet astronome avait reçu les dessins de M. Schiaparelli et cherchait
tout exprès à vérifier et confirmer les observations de Milan. Son instrument
est un excellent équatorial de 8 pouces ou 0m,20 construit par Grubb, de
Dublin, tandis que celui de l’Observatoire de Milan est un 18 pouces (0m,46)
parfait, sortant des ateliers de Merz, de Munich. Eh bien, comparons au dessin
publié plus haut (fig. 266) de M. Schiaparelli, celui de M. Terby (fig. 270),
Fig. 270. — Dessin de Mars, fait par M. Terby, à l’aide d’un objectif de 0m,20 (à comparer à la fig. 266, obtenue par M. Schiaparelli à l’aide d’un objectif de 0m,46).
résultat de plusieurs soirées, et dans lequel il a réuni tout ce qu’il a pu voir,
et, tout en tenant compte de ce que nous avons dit tout à l’heure sur les
différences d’yeux et de méthodes, nous attribuerons une part notable aux
instruments employés. Il y a beaucoup moins de détails dans le second
dessin que dans le premier.
La dissemblance sera plus grande encore si l’observateur ne se met pas au courant d’avance de la face de la planète qui doit se présenter à lui et dessine simplement ce qu’il parvient à voir, sans aucune idée préconçue. Pour ma part, c’est un principe dont je ne me suis jamais départi, craignant les illusions.
La grandeur de l’objectif, mais surtout sa valeur comme puissance de définition, sont deux conditions importantes à considérer. Le pouvoir optique de l’appareil employé joue un grand rôle ; le grossissement des oculaires en joue un autre : souvent un grossissement moindre donnera des images plus nettes et plus complètes à la fois qu’un grossissement plus fort. L’état de notre atmosphère ajoute encore une autre cause de dissemblance dans les images, précisément en rapport avec le grossissement employé.