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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/136

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OBSERVATOIRE LOWELL. EAUX ET VÉGÉTATION.

Revenant aux « canaux doubles », aux géminations, M. Lowell écrit que, pour les voir, trois conditions sont nécessaires : une atmosphère bien calme, une attention suffisante et la saison martienne convenable. C’est une affaire de saisons martiennes, et, par conséquent, toutes les oppositions ne se ressemblent pas. Aux oppositions les plus favorables pour l’observation, aux oppositions périhéliques, la planète penche son pôle sud vers le Soleil et vers la Terre, et c’est l’époque qui précède le solstice d’été de son hémisphère austral. Alors, le système des canaux sud n’est pas encore développé, et celui des canaux nord n’est pas visible. Les meilleures époques pour voir les canaux sont les oppositions défavorables, où la planète est le plus éloignée.

On vient de remarquer que, pendant l’opposition de 1894-95, quelques canaux seulement se sont montrés doubles : le Gange, le Phison, etc. Le dédoublement n’est pas instantané ; il se prépare pendant plusieurs semaines : telle est, du moins, l’impression de l’auteur. Seulement, on ne le voit bien que le jour où notre atmosphère est parfaitement calme au point de l’observation.

« Les canaux diffèrent entre eux non seulement pour l’aspect des dédoublements et des distances qui séparent les composantes, mais aussi pour l’époque à laquelle ce dédoublement s’opère. En général, les canaux nord et sud se dédoublent avant les canaux est et ouest ; cependant, de deux lignes nord et sud, l’une peut se dédoubler et non l’autre, synchroniquement avec une gémination est et ouest.

» La gémination n’est pas une illusion optique à ce bout-ci de la ligne visuelle, Car, s’il y avait une double réfraction, toutes les lignes allant dans la même direction sur le disque seraient affectées de la même manière, ce qui n’est pas. Au contraire, les dessins montrent qu’il peut coexister deux cas de dédoublements, dans des directions différentes, coïncidant avec des canaux simples.

» Ce n’est pas non plus un cas de double réfraction à l’autre bout de la ligne visuelle, c’est-à-dire dans l’atmosphère de Mars, car, dans ce cas, il serait difficile d’imaginer pourquoi toutes les lignes ne seraient pas affectées. Et puis, nous ne Connaissons aucune substance capable d’agir de la sorte sur une pareille échelle[1]. Si le phénomène n’est pas causé par une double réfraction, il a une existence réelle.

» Le mode de développement des géminations a aussi son importance. Ainsi, le Gange parut d’abord être dans une condition protoplasmique intéressante,

  1. Ce raisonnement n’est pas aussi serré que celui du paragraphe précédent. Il pourrait se faire que toutes les lignes ne fussent pas affectées, parce que les conditions atmosphériques ne sont pas les mêmes partout. Et de ce que nous ne connaissons aucune substance capable d’agir de la sorte, cela ne prouve pas qu’il n’y en ait point.