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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/138

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LOWELL. — LES OASIS.

Parmi les résultats les plus caractéristiques de cette analyse si complète et si attentive de la surface de Mars par les astronomes de l’Observatoire Lowell, nous devons signaler maintenant la conclusion relative aux oasis. Nous tenons à passer en revue ce que chaque observateur de Mars croit pouvoir conclure de ses études, car ce n’est que par la comparaison de ces résultats, quelque discordants qu’ils paraissent parfois, que nous pouvons créer nous-mêmes un ensemble aussi rapproché que possible de la réalité. C’est à l’aide de pierres, de fer, de bois, de verre, d’étoffes, etc., que l’on construit une maison.

Pour M. Lowell, la surface jaune, continentale, saharienne, de la planète est parsemée d’innombrables petites taches rondes ou ovales dont toutes, sans une seule exception, sont en connexion avec les canaux. Nous publions ci-après (fig. 131-132) les deux vues principales du globe construit par M. Lowell, dont nous avons parlé plus haut et dont nous avons déjà présenté (fig. 118-121) quatre petites réductions. Les oasis circulaires sont des points de rendez-vous. Quand les canaux sont doubles, au lieu d’être rondes, ces taches sont rectangulaires avec des angles arrondis. En général elles ont de 190 à 240 kilomètres de diamètre.

C’est l’observation de l’Euménides-Orcus qui a mis l’auteur sur la voie. Ce long canal ne mesure pas moins de 5 700 kilomètres d’une extrémité à l’autre, du lac du Phénix et presque du lac du Soleil au Trivium Charontis. En l’observant attentivement, on pensait à un collier de perles entourant le globe de Mars[1]. Peu à peu, le Pyriphlegethon et le Gigas produisirent un effet analogue. Ces perles se trouvaient à l’intersection de petits canaux traversant le canal principal. Elles devenaient plus visibles, plus foncées, en même temps que les canaux, ou, pour mieux dire, aussitôt après, avec la saison, en novembre, correspondant au mois d’août de l’été martien. Les saisons sont bien plus marquées aux environs de l’équateur de Mars, dans la zone tropicale, que sur la Terre.

Ces taches ne sont pas des lacs, car leur visibilité ne provient pas d’un agrandissement de surface, de l’arrivée des eaux, mais du changement de teinte : celle-ci s’assombrit comme le ferait une teinte végétale. Ce changement de teinte suit la fonte des neiges, comme l’apparition des canaux. Ce sont donc là des régions de végétation, des oasis fertilisées par l’infiltration des eaux, au milieu de vastes déserts, et non sans intention « oases not innocent of design ».

C’est même là le but de l’existence des canaux. « Supposer un effet du

  1. Ces lacs de l’Euménides-Orcus avaient déjà été signalés par M. Gale, à Sydney, en 1892. (Voir plus haut p. 91, fig. 111 et p. 92.)