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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/141

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LA PLANÈTE MARS.

parties qui s’en détachent, montrent comment la fusion s’opère et montrent aussi qu’elle s’effectue toujours de la même façon, d’année en année. La topographie polaire est donc permanente ;

7o L’association des parties les plus larges de la mer polaire australe avec les régions foncées de la planète implique une association de niveau entre elles ;

8o La présence de bandes foncées traversant ces mêmes régions sombres depuis le cap polaire jusqu’aux contrées équatoriales à l’époque de la grande fonte des neiges, et leur disparition consécutive, montrent dans cette association une relation de cause à effet ;

9o Les régions appelées mers ne sont pas des étendues d’eau : a, parce que la lumière qu’elles réfléchissent n’est pas polarisée, tandis que la mer polaire l’est ; b, parce qu’elles s’effacent à mesure que la saison martienne avance, sans que d’autres parties du disque s’assombrissent ; c, parce qu’à certaines époques on aperçoit sur elles des taches claires ou sombres. Tous ces aspects s’expliquent si l’on voit là des surfaces de végétation ;

10o D’après les observations, il n’y a aucune étendue d’eau sur la planète, ni permanente, ni temporaire, à l’exception de la mer polaire.

11o Les projections et les dépressions vues sur le terminateur montrent que le globe martien est, selon toute probabilité, très uni, et que les points lumineux sont dus à des nuages se formant après le coucher du soleil ou parfois avant son lever, l’hypothèse des montagnes étant incompatible avec les observations ;

12o Les surfaces claires paraissent être des déserts, mais on ne s’explique pas encore l’éclat temporaire et périodique de certaines régions ;

13o Des changements progressifs se produisent à la surface de la planète, d’un pôle à l’autre, dans le cours d’une demi-année martienne. Ces changements commencent avec la fonte des neiges polaires et se développent comme le ferait de la végétation. La vie végétale se montre là aussi clairement que possible ;

14o Il y a peu d’eau sur la planète, et elle est employée par la circulation météorologique, qui la dépose alternativement à chaque pôle sous forme de neige. S’il y a là un ordre de vie supérieur à la vie végétale, un ordre capable d’agir et de faire servir à un but les forces de la nature, on se sera efforcé d’utiliser pour la vie toute l’eau disponible, car aucun organisme ne peut vivre sans eau.

Par conséquent, l’irrigation en faveur de l’agriculture serait la base fondamentale de la vie martienne. Or, que voyons-nous sur Mars ? Un réseau de lignes fines couvrant la surface déserte de la planète. Toutes ces lignes sont géométriquement tracées ; elles correspondent avec celles qui traversent les régions sombres, et qui viennent du cap polaire : ce système de lignes se développe comme conséquence de la fonte des neiges polaires, commence à se montrer au printemps, est à son maximum en été et s’évanouit ensuite.

Ces lignes quittent les régions foncées à certains points spéciaux et convergent dans les régions claires vers certains points de rendez-vous ; aux endroits où elles partent des régions sombres, on voit des taches triangulaires remarquables ;