Les observations établissent qu’une cinquantaine de jours après l’équinoxe de printemps, environ cent cinquante jours avant le solstice d’été, la neige polaire atteint un maximum d’éclat et d’étendue, et qu’elle s’entoure d’une zone foncée qui la limite nettement pendant toute la suite des observations. Cette zone est certainement due au liquide provenant de la fonte des neiges polaires à mesure que le Soleil les échauffe.
Ces neiges polaires sont d’autant plus éclatantes qu’elles se présentent à nous
moins obliquement. C’est pour cette raison qu’elles ont été mieux vues en 1884
Fig. 10. — La neige polaire boréale de Mars, le 5 février 1884.
Croquis de M. Schiaparelli
qu’en 1882. C’est le contraire pour certaines régions blanchâtres, telles que
Hellas, Argyre, Thulé, Tempé, et d’autres, qui perdent leur blancheur à mesure
qu’elles s’éloignent du bord, absolument comme si le Soleil, en s’élevant au-dessus
d’elles, faisait diminuer et disparaître le voile blanc. Ces blancheurs
indiquent-elles des gelées blanches ? Seraient-ce des brumes légères ?
« … Comment pouvons-nous nous expliquer les changements de position des canaux, changements qui ont lieu entre des limites assez étroites, mais qui cependant sont encore sensibles à nos moyens d’observation ? Dans un article dont vous recevrez un exemplaire avec cette lettre, j’ai essayé d’en rendre compte d’une manière plausible en posant pour base l’hypothèse que ces bandes colorées soient produites par des phénomènes de végétation. Mais c’est là un simple lusus ingenii. Il y a d’autres phénomènes qui ne s’accommodent pas de cette théorie, surtout les géminations courtes et larges qui se forment dans les espaces appelés lacs : ces géminations peuvent prendre des directions très différentes, ainsi que je l’ai expliqué à la fin du paragraphe 695 de mon Mémoire. Voyez aussi votre propre Ouvrage sur Mars, à la page 453.
» Ces changements ont été observés, non seulement sur le Lacus Ismenius et sur le Lacus Lunæ, mais aussi sur le Trivium Charontis et sur le Lacus Solis.
» La duplicité du Trivium Charontis dans la direction de l’Orcus, observée à votre Observatoire par M. Antoniadi, se maintient toujours : hier, j’ai pu encore la constater avec le grossissement de 650. J’ai vu aussi quelque trace de la