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SCHIAPARELLI. OPPOSITION DE 1886.

était d’une grande difficulté. Par contre, Callirrhoe s’est montrée avec une évidence extraordinaire, mettant, avec le pâle Cedron, le lac Arethuse en communication avec Mare Acidalium. Pierius, entrevu en 1881 et 1884, a été bien observé en 1886. Enfin le continent vers Aéria était parfois particulièrement blanc.
2. De l’Indus au Gange.

L’Indus n’a rien offert d’anormal en 1886. Il en a été de même de l’Hydaspes. Jamuna était large et formait un arc de grand cercle ; elle a paru simple à M. Schiaparelli, double à M. Perrotin avec la grande lunette de 0m,38 de l’Observatoire de Nice. Sa direction ne semble pas avoir été toujours la même.

Le lac de la Lune n’était plus dédoublé comme en 1884. Nilokeras semblait rectiligne. Des 31 géminations de 1881-1882, et des 18 de 1883-1884, il n’en subsistait qu’une seule en 1886, celle de l’Hydraotes-Nilus, mais grandiose et occupant un sixième du rayon en largeur, soit environ 10°.

Ceraunius a été vu sous la forme de deux bandes confuses. Aucune trace de Dardanus ou de l’Issedon.

La traînée blanche traversant le canal Fortuna et le Nil dédoublé en 1879[1], a été revue en 1886. Les 27 et 28 mars de cette année, la traînée lumineuse s’étendait du Tanaïs à l’Agathodæmon, et semblait parallèle à la ligne Nilokeras-Chrysorrhoas. La gémination de l’Hydraotes-Nilus la divisait en trois parties, dont la boréale des extrêmes traversait Tempé, l’australe Tharsis. Le 2 avril, elle a été vue seulement sur Tempé, sans prolongement vers la calotte polaire boréale.

Chrysé s’est montrée très blanche parfois vers le limbe.

3. Lacus Niliacus, Mare Acidalium, Lacus Hyperboreus.

Le lac Niliacus n’a pas offert de changement en 1886 ; bien limité vers le pont d’Achille, il devenait enfumé vers ses limites méridionales, ce qui rendait parfois ses dimensions variables, suggérant des variations périodiques. Le pont d’Achille, très visible, avait une largeur de 3° environ.

La mer Acidalienne s’est montrée pour la première fois dans toute son étendue, avec, ses affluents, jusqu’au pôle boréal. On peut comparer la partie septentrionale de cette « mer » soit à un continent coupé de vastes canaux, soit à une mer remplie d’îles nombreuses et très vastes.

La partie supérieure de cette mer était très foncée, comme d’habitude (c’est la partie la plus noire de toute la planète) ; elle formait un pentagone, ayant une base droite vers le Pons Achillis, deux autres, recourbées vers Cydonia et Tempé, et encore deux vers Ortygia et Baltia-Nerigos, vues comme une seule île en 1886. La petite île Scheria, remarquée dans cette mer en 1882, n’a pas été revue depuis.

Le Tanaïs ressemblait moins à un canal qu’à un bras de mer ; il s’étendait du

  1. Voir tome 1, p. 335, fig. 190. Cette nouvelle observation nous conduit à conclure que c’est vraiment là une sorte de neige et non une bande de nuages ou même de brouillard.