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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/233

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LA PLANÈTE MARS.

se détachent sur un fond (mer des Sirènes) moins sombre. Cette mer est très claire. L’Electris apparaît comme une île pointue, parfaitement séparée de l’Eridania par le Scamandre. Le Titan est visible en partie, et le Gigas est très faible et très estompé ; il en est de même de Sirénius. La région continentale comprise entre le Gigas et le Sirénius a une couleur rouge sombre très frappante, qui contraste vivement avec la coloration jaune très peu rougeâtre de ses environs. L’Atlantis est invisible. Les neiges polaires sont plus petites.

Le lendemain, j’ai fait des observations identiques.

23 septembre. — De 9h 30m à 15h 30m. Diamètre = 20″,4. Excellente définition. Le Gange est bien visible ; le lac de la Lune apparaît comme une tache ronde estompée. Le lac du Soleil, assez foncé, est allongé dans le sens d’un parallèle aréographique. Le ton général de la Thaumasia est assez sombre ; le Nectar se distingue facilement. On voit ce canal dans la position primitive, c’est-à-dire comme il se montrait toujours avant 1890, année dans laquelle M. Schiaparelli le vit pour la première fois suivant une direction toute différente. L’aspect qu’offre cette région de la Thaumasia me rappelle les dessins de M. Lockyer faits pendant l’opposition de 1862 et publiés dans votre ouvrage la Planète Mars. Les lacs Tithonius et du Phénix sont très facilement visibles. Le Tithonius est très grand, mais faible ; celui du Phénix est plus petit, mais plus foncé. Ce lac se présente comme une tache ronde presque aussi foncée que le lac du Soleil, mais la coloration du lac du Phénix est rougeâtre et celle du Soleil bleuâtre. Du lac du Phénix sort une bande grise, probablement l’Euménides, qui arrive à une grande masse sombre (Nodus Gordii, Gigas). La partie boréale de la Thaumasia, le lac du Phénix, l’Euménides et la masse sombre du Nodus Gordii et du Gigas sont plus rougeâtres que le reste des terres. On voit à la place du Sirénius une ombre extrêmement faible. L’Araxe est sûr, mais très difficile à bien voir ; l’Icaria, sombre : le Phase, difficile. Près du bord, on voit bien les Colonnes d’Hercule ; le Phaetontis, clair ; la mer des Sirènes, très foncée. Les bords du Tharsis et d’Ophir, clairs. À gauche on voit Ogygis Regio, blanche ; une trace de la Région de Pyrrha, puis une petite île blanche d’observation difficile, Argyre II, laquelle, quand elle fut arrivée près du terminateur, vers 14h, se détachait comme un point brillant. Neiges polaires environnées d’une ombre faible.

Vers 13h et jusqu’à la fin de l’observation, les neiges polaires sont bien plus petites qu’au commencement. Variation due sûrement à la rotation de la planète.

Vers 14h, j’ai observé Jupiter ; puis je suis retourné à l’observation de Mars, à 14h 20m, pour reviser la région dessinée le 18 septembre. Je n’en croyais pas mes yeux, tant étaient grandes les variations subies par cette partie de la planète ! J’avais observé des variations notables dans ces mêmes régions en 1892, mais jamais à un tel degré. La mer des Sirènes, alors si claire, est aujourd’hui très foncée (je n’avais vu jamais cette mer si sombre); le golfe du Titan se termine en une pointe très foncée et aiguë ; les bords de la Memnonia et de la Zéphyria,