Aller au contenu

Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
244
LA PLANÈTE MARS.

absolument différente des montagnes terrestres : d’un côté il y aurait un talus presque à pic et de l’autre une pente légère.

Comme il ne s’est pas produit de soulèvements, ni de transformations causées par l’érosion fluviale, les seuls changements importants que la surface de Mars a subis dans la suite des siècles auront été ceux produits par la rétrocession graduelle de la mer. Il paraît probable que les continents les plus âgés sont en grande partie déserts et que la vie, si elle existe, est reléguée aux terres récemment mises à sec par le retrait des eaux (telles que Hesperia, Atlantis, Libye, Thaumasia, etc.) et les canaux. L’érosion fluviale dans ceux-ci devrait être énorme, si les fleuves ont coulé pendant des millions d’années dans les mêmes lits, pour ainsi dire[1].

J.-R. Holt,
Astronome à Dublin.

ccvi.Taylor. — Preuve optique de l’absence de mers sur Mars (Résumé).

On a lu dans le premier Volume l’exposé d’un calcul de l’astronome Phillips, d’Oxford, sur la possibilité pour les mers martiennes de réfléchir l’image du Soleil comme un point lumineux qui serait visible d’ici. D’après ce calcul, l’image du Soleil ainsi réfléchie mesurerait 1/20 de seconde, et, dans un instrument grossissant 300 fois, atteindrait 15 secondes. Phillips pensait que si les taches grises étaient des mers, nous devrions de temps en temps apercevoir une image de ce genre.

Dans le même Volume, on trouve une discussion de la même question par M. Schiaparelli, qui conclut pour ladite image du Soleil réfléchie par les eaux martiennes un diamètre de 1/24 de seconde, lequel ne diffère pas beaucoup du précédent. Cet éclat serait celui d’une brillante étoile de troisième grandeur. Elle serait moins éclatante, mais toujours assez lumineuse, dans le cas d’une mer agitée.

J’ai adopté, par un calcul complémentaire, la conclusion que cet éclat suffirait largement pour la visibilité dans une mer calme, dont la position varie selon l’opposition.

Un astronome du comté d’York, M. Taylor, est récemment revenu sur le même sujet à la Société astronomique de Londres et l’a soumis à un nouveau calcul.

« Je pense, écrit-il, que le calcul de M. Flammarion doit être un peu modifié à cause du double passage de la lumière dans l’atmosphère de Mars, et que l’éclat serait plutôt celui d’une étoile de quatrième grandeur.

  1. Dans une autre Note, intitulée The Cross of Hellas « La Croix de l’Hellas », M. Holt nous laissait entendre que cette formation si régulière et si caractéristique pourrait bien avoir été tracée par les Martiens comme signal aux habitants de la Terre, d’autant plus que ses variations ne correspondent pas aux saisons. Les quatre points blancs vus en 1881 (Tome 1, p. 355) lui paraissent ajouter un argument en faveur de cette hypothèse.