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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/262

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SCHIAPARELLI. — LA VIE SUR MARS.

pôle et qui réunissait en un même tracé clair les îles de Deucalion, de Noachis et d’Argyre, formant un tout d’une longueur de 6 000 kilomètres, d’un ton mêlé de jaune et de gris. C’était là un aspect tout particulier[1]. Le disque offrait une phase légère, analogue à celle de la Lune deux jours avant la pleine-Lune. En haut, neige polaire australe ».

Si l’on admet, ce qui est le plus probable, que les mers martiennes soient vraiment formées d’eau, on ne peut douter que les canaux en soient le prolongement à travers les continents. Cette conclusion est confirmée par le fait qu’aux époques de la fonte des neiges polaires les canaux deviennent plus foncés et plus larges,

Fig. 191. — Mars le soir du 15 septembre 1892. (Dessin de M. Schiaparelli.)
se développant au point de réduire en certains moments à d’étroites îles toute la surface continentale comprise entre leur parcours. Quand les neiges ont cessé de fondre, les canaux se rétrécissent et les aires jaunes reprennent leur étendue primitive. Ce curieux réseau des canaux a sans doute pour cause première la constitution géologique de la planète et les siècles l’auront entièrement formé. Il n’est pas nécessaire d’y supposer l’action d’êtres intelligents, et malgré l’aspect géométrique de ce système, on peut admettre qu’il est le produit de l’évolution de la planète, comme sur la Terre le canal de Manica et du Mozambique.

  1. Voir aussi plus haut, p. 78.