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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/405

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LES ATMOSPHÈRES DES PLANÈTES.

la Lune n’a pas d’atmosphère, alors qu’une vitesse de 2 380 mètres par seconde est nécessaire pour qu’un projectile s’en échappe.

L’hélium est rare sur la Terre, bien que des sources radioactives en déversent des quantités appréciables provenant de la décomposition de l’émanation du radium. L’hydrogène s’y trouve aussi en quantité extrêmement minime. Mais la présence simultanée dans l’atmosphère terrestre de grandes quantités d’hydrogène libre et d’oxygène est difficilement admissible, en raison de leur tendance extrême à se combiner. Quant à l’hélium, si faible qu’en soit la proportion dans l’air, l’atmosphère entière en contient environ dix milliards de tonnes, quantité que les sources radioactives emploieraient probablement, au taux actuel, des milliards d’années à produire.

Si la proportion d’hélium à la surface de la Terre a été un jour plus forte, ce que rien ne prouve, il se peut que la majeure partie du gaz se soit échappée à une époque où la température de la Terre était très supérieure à sa valeur actuelle. À 1000° par exemple, une vitesse égale à 4 fois celle du carré moyen serait suffisante pour permettre à une molécule située à la limite de l’atmosphère de s’échapper.

La faible proportion de l’hélium dans l’atmosphère ne prouve donc en aucune façon qu’il s’en échappe à l’époque actuelle, et n’autorise nullement à admettre qu’une vitesse égale à 9,27 fois celle du carré moyen doive être considérée comme fréquemment réalisée.

Quant à notre planète Mars et à la vapeur d’eau, à la température de 66° supposée par M. Johnstone Stoney, la pression de l’eau gazeuse qui enveloppe les cristaux est d’environ 0mm,02 de mercure. La masse relative est donc, sous la pression atmosphérique normale, égale à 1/10000 environ de la masse de l’air dans lequel elle se trouve répandue.

Mais, à mesure qu’on s’éloigne des cristaux de glace, sa densité relative diminue, parce que la saturation n’existe nécessairement qu’au voisinage immédiat de ces derniers. En fait, des observations recueillies dans la haute atmosphère ont souvent révélé une assez grande sécheresse relative, qui s’explique par la précipitation de l’eau solide ou liquide dès que la saturation est dépassée.

Pour pouvoir quitter l’atmosphère martienne, la vapeur d’eau, entourant les cristaux de glace en suspension dans un air encore suffisamment dense, et dont elle ne constitue guère plus de 1/10000 de la masse, aurait donc à s’élever sans pouvoir jamais dépasser beaucoup cette proportion, puisqu’à partir du moment ou l’on s’est éloigné des derniers cristaux de glace, les lois régissant les mélanges gazeux subsistent seules.