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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/430

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LA PLANÈTE MARS.

air, mais sa densité est plus faible et à peu près dans le même rapport, de sorte que, sous la même pression, l’indice de réfraction de l’air saturé d’humidité et celui de l’air sec sont à peu près égaux. Ils sont si voisins que l’on peut négliger de tenir compte de l’état hygrométrique de l’air dans l’étude de ses propriétés optiques et notamment dans le calcul des réfractions, ainsi que Laplace l’a montré. Plus la pression et la température sont basses, plus la différence des deux indices est faible ; or, ces deux conditions sont probablement réalisées sur Mars, ainsi que M. Meisel le fait remarquer.

Même dans le cas tout à fait invraisemblable d’une véritable ébullition de l’eau (une telle évaporation produirait inévitablement dans les couches supérieures et plus froides de l’atmosphère de Mars une formation de nuages si intense, qu’il nous serait impossible de voir la surface de la planète), l’indice de réfraction au-dessus du canal ne dépasserait que très peu celui de l’atmosphère ambiante. Des différences considérables dans les indices de réfraction ne pourraient être amenées que par de grandes différences de pression, mais celles-ci ne pourraient pas se maintenir assez longtemps pour rendre compte du dédoublement tel qu’on l’a observé. Il reste encore un cas auquel l’explication de M. Meisel pourrait s’adapter : ce serait d’admettre que la majeure partie de l’atmosphère de Mars est composée de gaz ayant des indices de réfraction bien plus faibles que l’oxygène et l’azote. Mais cela n’est pas probable d’après l’examen spectroscopique de la lumière de Mars, et surtout d’après nos observations sur l’atmosphère de cette planète.

Il me semble donc que, toute singularité à part, l’essai d’explication de M. Meisel ne repose pas sur une base bien solide, d’autant plus qu’il conduirait à admettre implicitement un état de tranquillité de l’atmosphère de Mars que l’on ne saurait concevoir comme pratiquement possible.

J. Schneider,
Observatoire de Potsdam.

Nous avons vu plus haut (p. 95), une autre hypothèse, celle de M. Stanislas Meunier, qui attribue également les géminations à un phénomène atmosphérique.

Les recherches d’explication de ce curieux phénomène ne se sont pas arrêtées là. M. Proctor à émis l’idée que les canaux de Mars pourraient être des fleuves gelés, couverts de neige, et que celle-ci fondrait au printemps le long des bords, ce qui leur donnerait un aspect foncé de part et d’autre de la ligne médiane restant blanche.

M. Lockyer explique, de son côté, le dédoublement en supposant que des rangées de nuages se disposeraient de part et d’autre de la ligne centrale des régions liquides.

M. Schæberle, astronome à l’Observatoire Lick, suppose que les lignes foncées appelées canaux représentent des crêtes de chaînes de montagnes