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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/444

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LA PLANÈTE MARS.

semble jouer un très grand rôle dans l’observation des détails planétaires, si bien que plus cet élément sera éliminé, en procédant par les observations faites par un seul astronome avec un seul instrument, plus notre savoir avancera sur les changements réels qui peuvent se produire à la surface de la planète.

Le sujet de ce Livre est divisé en six Chapitres et nous ne pouvons faire mieux que de les examiner séparément.

Occupons-nous d’abord de la forme de la planète.

Le disque de Mars paraît généralement (en dehors des phases) parfaitement rond. Les mesures faites à l’Observatoire Lowell montrent qu’il est aplati aux pôles. Presque toutes les mesures précédentes donnaient une trop grande valeur à cet aplatissement et la théorie ne pouvait les admettre. La raison de cette apparente différence a été trouvée après une série de mesures soigneuses des diamètres polaires et équatoriaux.

L’explication qui semble s’accorder le mieux avec les faits est que sur le bord du disque il y a une frange crépusculaire qui affecte inégalement les diamètres équatoriaux et polaires. Le diamètre équatorial paraît toujours trop grand et subit des variations dues aux différentes positions du Soleil ; tandis que, dans le cas du diamètre polaire, les variations sont beaucoup moindres. Les diamètres mesurés sont en fonction de la position du Soleil. Le calcul montre que l’arc minimum du crépuscule s’élève sur Mars à 10°.

On sait depuis longtemps que cette planète possède une atmosphère, et en vérité il serait difficile d’expliquer les changements qui ont lieu à sa surface sans l’intervention de cet élément. Cette atmosphère est décrite plus loin comme étant remarquablement libre de nuages, un nuage étant « un phénomène rare et inaccoutumé ». Ce résultat est un peu en désaccord avec certaines observations antérieures, d’après lesquelles des nuages ou voiles atmosphériques paraissent avoir été vus masquant les configurations géographiques. Du reste, M. Lowell n’affirme pas qu’il n’existe jamais de nuages sur Mars, mais seulement que pendant toute la durée de ses observations ils n’ont jamais effacé aucune configuration.

Il admet toutefois que le disque de la planète était parfois d’un éclat inexplicable, et que de petits points brillants ont été observés, mais il n’a observé aucune forme de masses aériennes mobiles. Qu’il y ait des nuages dans l’atmosphère, il le déduit de certains phénomènes visibles au terminateur et observés par M. Douglass. Pendant l’opposition de 1894, il n’y eut pas moins de 736 irrégularités observées sur le terminateur ; quelques-unes ont paru être des projections lumineuses et d’autres des obscurcissements.

« Il est fort improbable qu’elles soient dues à des montagnes, lorsqu’on tient compte de tous les faits concernant la planète ; il paraît plus simple de les attribuer à des nuages. » M. Lowell discute ce sujet assez longuement et finalement considère que ces irrégularités doivent être produites par la présence de ces derniers. C’est peut-être sur ce point que M. Lowell diffère le plus des autres observateurs de Mars. Ces points lumineux vus sur le terminateur